https://www.ministrando.org/sitemap.xml.gz

ma vision pédagogique 

( ce texte est écrit pour les centres éducatifs à Madagascar, un pays très pauvre où beaucoup d’enfants sont abandonnés))

Le point de départ d’une éducation réussie est constitué par les facultés positives de l’enfant et de ses parents. Accentuer le positif, c’est promouvoir une image de soi positive. Cette image de soi est le moteur du développement de l’enfant. 

En conséquence, nous ne faisons jamais de ‘diagnostic destructif’. Les tests psychologiques sont trop souvent concentrés sur ce qui est anormal ou déviant. Au lieu d’un diagnostic négatif, nous basons notre approche sur ce que nous observons dans le concret. Chaque homme, même celui qui est détesté par tout le monde, peut se comporter parfaitement normal si les circonstances sont favorables. Le but principal d’un centre éducatif est de créer ces circonstances pour les enfants, mais aussi pour leurs parents.

Trop d’enfants dans notre société manquent des expériences de succès. Échec à l’école, pauvreté, parent dépressif ou familles rompues, maltraitance ou abus sexuel sont des facteurs qui amènent les enfants à haïr le monde. Des problèmes psychosociaux en sont la conséquence. Le meilleur remède pour ces problèmes consiste à aider l’enfant et ses parents à expérimenter du positif dans leur vie. Il faut surtout concrétiser ces expériences, par exemple en les impliquant dans des activités qui suscitent l’admiration ou l’approbation des autres: apprendre à cuisiner, à confectionner, à faire des travaux de réparation, à faire du jardinage, à faire des poèmes, à fabriquer des petits cadeaux ou des souvenirs, ... On peut imaginer que dans le centre éducatif il y a des machines à laver, un atelier de couture, un atelier où on trouve les outils pour faire des réparations, un potager, un magasin de souvenirs et qu’on tient un étal sur le marché hebdomadaire du quartier, etc.

Le centre éducatif sera un vrai centre du quartier: c’est ici que les enfants rencontrent des adultes avec lesquels ils apprennent de nouvelles aptitudes. Leurs parents rencontrent d’autres adultes avec lesquels ils pourraient entreprendre des travaux de réparation ou des activités économiques. L’entre-aide et la solidarité sont ainsi favorisées par les contacts au centre éducatif. Pour ne donner que deux exemples: la production du potager est destinée aux familles pauvres ou à organiser des festins; de même pour le revenu du magasin ou de l’étal.

Pendant les activités au centre éducatif les animatrices sont attentifs à créer des liens avec des activités scolaires. Par exemple, apprendre à cuisiner peut être combiner avec l’amélioration du vocabulaire des enfants; d’autres activités pourraient être combiner avec des exercices de calcul; etc. Un principe didactique important est de partir des centres d’intérêts des enfants: quand pendant une activité intéressante ils posent des questions, ces questions pourraient être le point de départ d’une instruction.

Le principe de tous ces activités où on fait appel à des hommes et des femmes vivant dans le quartier est de créer ainsi ‘un réseau de solidarité’. Ce réseau a pour but de favoriser la responsabilité de tous les habitants du quartier pour leurs prochains, en particulier pour les enfants qui subissent des troubles de développement et pour des parents en détresse et vivant en isolement.

Ce réseau de solidarité est plus effectif que les interventions par des spécialistes et c’est en plus beaucoup plus économique. Des études sociologiques montrent que pour changer le comportement des individus, les relations informelles sont plus efficaces que les relations formelles. c’est-à-dire que l’influence des gens avec qui on a un contact journalier est plus grande qu’une intervention spécialisé par un étranger ou un fonctionnaire.

Comment agir envers des enfants agressifs ou envers des enfants qui ont d’autres troubles de comportement? Il faut faire tout pour éviter d’expulser ces enfants du centre, car ces enfants souvent profondément blessés ont le plus besoin d’une aide éducative. Au lieu de voir cet enfant comme un enfant difficile et perturbé, il est plus juste de voir son comportement comme le résultat des interactions avec les autres. Le clef de la solution est un changement dans le comportement des autres! Nous sommes tous responsables pour les autres et ce n’est que par un amour inconditionnel que nous pouvons réussir à changer le comportement d’un enfant difficile. Ce dévouement inconditionnel est une tâche extrêmement difficile, surtout quand l’enfant est tellement blessé par ses expériences antérieures qu’il n’est pas capable de voir les bonnes intentions des autres. Cet enfant défiera l’adulte à l’extrême pour voir si l’amour de celui-ci est vrai.

Ce qui précède ne veut pas dire que nous devons tolérer tous comportements difficiles ou tous les transgressions des règles. On peut punir le comportement, mais on ne punit pas l’enfant: ça veut dire que la punition va toujours de pair avec un respect profond pour la personne de l’enfant. En punissant l’enfant, nous lui offrons en même temps la possibilité pour réparer l’injustice faite.

Pour finir, un centre éducatif peut jouer un rôle très important dans notre société moderne. Un monde dominé par le profit économique et l’exploitation irresponsable et souvent inhumaine des ressources naturelles et humaines a besoin de communautés où règne le souci des autres et la bonté gratuite. Un centre éducatif peut devenir une telle communauté où les responsables, les enfants, les parents et beaucoup de gens de bonne volonté qui vivent aux alentours travaillent ensemble pour le bien-être du prochain.

Au moyen âge les abbayes en Europe étaient des centres à partir desquels des régions pauvres et non-développées deviendraient des territoires où il était bon à vivre. Au vingt et unième siècle les centres éducatifs pourraient introduire un nouveau printemps spirituel où tout le monde trouvera la paix et la solidarité.

SUITE

HOME

   © Juliaan Van Acker 2024